Exposition
Centre d'art de La Sarre

  • 22 juin au 4 septembre 2022

L’exposition Prologue tire ses références de mes expériences et de mes connaissances techniques et matérielles acquises à mesure que j’ai maîtrisé mon métier et s’appuie sur l’étude du geste, de l’atelier, des artéfacts produits et de leur contexte de présentation. J’explore ainsi le potentiel de l’argile et des outils de production à être à la fois référents et dispositifs dans une pratique plus élargie. Si nous considérons sa plasticité, son lent séchage, ses cuissons et ses traitements de surface, la céramique favorise l’émergence d’une démarche poïétique, car chaque phase de transformation est soumise aux contingences de la matière et son caractère aléatoire crée une divergence entre l’intention de départ et le résultat final. De cette perspective, l’activité céramique peut être vue comme une suite de rencontres. La première par les mains au contact de la terre puis, au travers des étapes de transformation de l’argile, cette préhension initiale se module pour contribuer à l’émergence d’une forme de pensée dialogique.

Par la collecte et la mise en scène d’artéfacts, de gestes et de microévénements issus de ma pratique, Prologue vise à ce que ces mises en espace témoignent d’un état en transition, plutôt que d’un aboutissement. Pour ce faire, j’ai procédé à la captation de sons et d’images des nombreux phénomènes qui passent presque inaperçus dans mon travail, lors de la manipulation de l’argile. Par des dispositifs tels que le montage audio, la vidéo, l’installation, la performance et la photographie, j’ai cherché à capturer et à interpréter mon rapport direct avec la matière à chaque étape de la production céramique. À l’inverse du documentaire qui aspire à représenter fidèlement la réalité par la cueillette de données ; le simple échantillonnage puis l’assemblage de ces éléments ont fait naître en moi un questionnement sur la nature même de cette activité. Extraits de leur trame narrative et des schèmes usuels de la chaîne de production, la réorganisation et la transposition de l’ensemble de ces composantes concourent à la formation d’une recherche et d’une série d’œuvres nouvelles dont la lecture et le sens nous font entendre autrement ce que peut être la céramique dans le contexte de l’art actuel.

– Pascale Girardin